Le massacre d'Oradour ...
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le massacre d'Oradour
15 h 30. Tous les hommes sont maintenant rassemblés dans les locaux désignés. Un grand silence s'est fait sur le bourg où règne la chaleur de l'après-midi. Seuls les soldats, dont beaucoup sont encore presque des enfants, rient entre eux, croquent des morceaux de sucre dérobés à l'épicerie, du pain raflé chez le boulanger, fument les cigarettes du débit de tabac. Au commandement, ils rectifient la position et s'immobilisent, le doigt sur la gâchette.
Le silence est maintenant total, SS et leurs prisonniers face à face. Soudain. dans une maison, éclate le vacarme d'un appareil radiophonique. Amusement d'un Allemand mélomane ou signal ? Plutôt. signal, car, en même temps, retentit un coup de feu suivi simultanément de rafales aux quatre coins du bourg. Presque tous les occupants des granges sont tombés foudroyés, les uns tués net, les autres agonisant, tandis que se poursuit la fusillade. Les SS tirent sans arrêt. Ce qu'ils visent n'est déjà plus qu'un tas sanglant de corps culbutés.
Oradour apres le massacre
Recouvert par les cadavres de ses compagnons, seul un jeune apprenti, aujourd'hui garagiste à Oradour 2, M. Hehrass, qui a eu la présence d'esprit de se jeter à terre au premier coup de feu, est à peu près indemne. A ses côtés, son camarade Darthout, blessé aux jambes, peut à peine se mouvoir. Les deux hommes ne bronchent pas. Ils attendront, pour se dégager, que se soient éloignés les soldats déjà requis par d'autres tâches, à l'église ou dans les maisons que Dickmann a donné l'ordre d'incendier. Mais, avant de quitter la grange, un SS jette sur le monceau de morts de la paille, du foin séché, des débris de bois. Hehrass perçoit le frottement d'une allumette et presque aussitôt une âcre fumée le suffoque, tandis qu'il sent le contact brûlant des premières flammes.
Par bonheur, le soldat est parti. Près d'Hebrass, le blessé geint faiblement. Alors rampant, traînant Darthout par le bras, Hebrass se dégage et, derrière l'écran de fumée qui les protège, gagne le fond de la grange où trois autres survivants se sont cachés. Une issue non gardée s'ouvre sur l'arrière du bâtiment. Elle communique avec un jardin. Comme l'avait fait le petit Godfrin, sous le couvert des branches, dés buissons, des bosquets, se relayant pour soutenir Darthout, les cinq hommes parviennent jusqu'à la campagne. Cette fois, c'est le salut, car la section commence à quitter Oradour ou, plutôt, ce qui reste d'Oradour transformé en brasier par les bombes incendiaires et dont aucune maison ne sera épargnée.
les enfants d'Oradour
La tragédie dans l'église fut encore plus atroce. Ces femmes et ces enfants, serrés, coude à coude, à en perdre le souffle, sentaient grandir en eux l'angoisse devant le danger que devinait leur instinct. Au premier écho de la fusillade et au ronflement de l'incendie dans les rues voisines, ils se précipitèrent vers les portes, mais furent aussitôt refoulés.
D'un camion arrêté, les soldats avaient retiré deux caisses reliées entre elles par un cordon Bickford. Ils portèrent les caisses au milieu de la nef, allumèrent les cordons et coururent vers le porche rejoindre leurs camarades postés sur le péristyle. Une formidable explosion reten tit, ébranlant l'édifice, répandant une fumée asphyxiante qui ne se dissipa que pour laisser la place à l'incendie. En même temps, comme aux granges, le peloton tirait par rafales, jonchant le sol de cadavres.
Des 450 innocents enfermés dans l'église un seul être survécut, Mme Rouffanche, dont la fille avait été tuée auprès d'elle. Egarée, presque inconsciente, n'obéissant plus qu'à l'instinct de conservation, Mme Rouffanche courut, butant sur les cadavres, vers la seule issue possible, un vitrail éclaté sous l'effet de l'incendie. Un escabeau, oublié près d'un pilier, fut le marchepied providentiel qui permit à Mme Rouffanche de se hisser jusqu'à l'ouverture, d'enjamber le rebord de pierre d'où elle se laissa tomber, d'une hauteur de trois mètres, sur un talus contre le chevet. Au-dehors, Oradour se consumait, l'église brûlait, ensanglantée, souillée, profanée. Seul contre le mur extérieur, miraculeusement préservé, un grand Christ en croix demeurait intact, comme le divin symbole du sacrifice et dé l'éternelle souffrance humaine.
rescapee du massacre d'Oradour
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